Rencontres photographiques 2019
Yannick Bégué : Entre Mer et Nuages
Images faites en Isère, dans les massifs de la Chartreuse et du Vercors, à l’aube ou au crépuscule, dans le brouillard, ou au-dessus d’une mer de nuages.
Le calme de l‘instant ; un sentiment de plénitude et une envie de rester là-haut… malgré des conditions difficiles, qui peuvent se dégrader rapidement. Car il y a toujours un moment où les rayons du soleil arrivent à percer, où les nuages s’ouvrent, pour laisser entrevoir un sommet, une forêt, une vallée, un rocher.
Le but de cette série, outre le fait de transmettre l’émotion qui est la mienne lorsque je fais mes images, c’est de montrer qu’il n’y a pas besoin de parcourir le monde pour ramener de belles photos. Il suffit juste d’ouvrir les yeux, et de prendre le temps.
Nous avons en Isère, et en France, des paysages incroyablement beaux, accessibles, qui gagnent à être reconnus et préservés.
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Bruno Bourlé : Atterrissage sur Sólheimasandur
Du vent, de la pluie, une piste au milieu du néant, la sensation d’être sur une autre planète, puis au loin un aéronef ?
Mais non, la carcasse d’un avion car nous sommes sur Terre, en Islande. J’ai trouvé mon lieu mythique, seul, loin, tranquille : déconnexion totale avec la société de consommation, les plages et les autoroutes bondées des vacances, la connerie.
La virginité du paysage me procure ici un bien être étonnant avec cette petite trace d’humanité, mais en même temps une inquiétude : ce vestige humain dans le désert est-il une vue d’un passé ou d’un futur proche lié à l’extinction d’une vie incompatible avec ce que l’on a fait de notre planète ? Je ne peux me projeter dans un tel scénario alors voici simplement l’histoire de cette carlingue.“
Gilles Collignon : Hommes du métal
Fractures du sol et des visages, sueur des hommes et graisse des rouages, sédiments concassés, yeux brulés, débris de pierres et de gravats, visages noircis, poutres d‘acier, mains engourdies, tôles d‘aluminium, ce chaos formait un espace étrange… paysage fantomatique, inquiétant, hérissé de formes brisées, où les machines apparaissaient comme des monstres endormis. Les hommes étaient là, sous les squelettes de métal, les mâchoires géantes des pelleteuses, dans le grondement sourd des outils gigantesques.
Les hommes du chantier étaient chez moi, et personne ne les voyait… Ils parlaient des langues étranges, en tout cas, pas de chez nous, ils se comprenaient, et personne ne leur parlait...
Hervé Combe : Terre(s) d‘Aubrac
La terre d’Aubrac est plurielle.
Sur cette terre de cailloux, d’eau, de vent, de silence et d’air, ma tête se vide pour laisser place à la méditation et à la respiration, loin du brouhaha urbain.
Seul le bruit de mes pas sur les cailloux, parfois au loin la cloche d’une vache ou le cri strident d’un milan. Une terre de cailloux, ils sont posés partout dans les pâturages, montés en murets le long des chemins, seule verticalité dans l’horizontalité doucement arrondie du plateau.
Se perdre sur les sentiers de l’Aubrac, c’est se ressourcer car le temps n’a plus de prise.
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Maxime Crozet : Xinjiang, identités en sursis
Située aux confins nord-ouest de la Chine, le Turkestan oriental fait l’objet, depuis plusieurs décennies, d’une entreprise de surveillance intérieure et de peuplement qui vise à siniser la région en favorisant l’installation des Hans (ethnie dominante en Chine) au détriment des Ouïghours (un peuple turcophone et musulman sunnite) et d’autres minorités ethniques d’Asie centrale qui étaient autrefois majoritaires.
Ces photographies témoignent de la diversité des traditions de ces peuples menacés d’acculturation.
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Thierry De Matteis : Déplacés du Tanganyika
En République Démocratique du Congo, Les conflits intercommunautaires, les divers groupes armés et l‘insuffisance de gouvernance poussent les populations à se « déplacer » (réfugiés dans leurs propre pays) autour des villes sécurisées par les Nations Unies. Elles sont actuellement 4 millions en RDC. 300 000 dans la seule Province du Tanganyika. Et singulièrement environ 50 000 autour de Kalemie où ont été prises ces images. Dans ce cas ce sont les conflits entre les communautés Luba (Bantu) et Twa (Pygmée) qui sont principalement à l’origine de ces déplacements.
Elles vivent dans le plus grand dénuement sous perfusions des agences des Nations Unies et des ONG présentes. Problèmes de nutrition, d’hygiène, de santé, d’éducation,… dans une région de plus de quatre fois la région Provence-Alpes-Côte d’Azur sans infrastructures à 1 000 kms de la deuxième ville de la RDC Lubumbashi.
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Francis Goussard : Le Cambodge bouddhique
Mes destinations ont souvent été le fruit du hasard, le hasard objectif si cher à André Breton. Ma femme et moi sommes amis avec une famille d’origine cambodgienne, expatriée en France depuis une vingtaine d’années. Leur envie de nous faire découvrir leur pays d’origine, maintes fois reportée pour diverses raisons, s’est enfin concrétisée l’été 2017.
Au Cambodge, nous avons été accueillis plusieurs jours dans une pagode, où j’ai pu observer la vie des moines, mais aussi l’organisation de la pagode, totalement ouverte sur le monde extérieur. Mes pérégrinations dans le pays m’ont également révélé que le Bouddhisme, plus qu’une philosophie ou une religion, est un véritable art de vivre pour le cambodgien : alors que des milliers de pagodes s’élèvent dans le paysage, et que les robes orangées des moines illuminent villes et campagnes, les rites sont omniprésents à travers le pays et dans le quotidien des familles, pauvres ou riches.
Yves Jourdan : Fabrica fantasma
Le noir et blanc, le grain du film argentique, le flou des expositions multiples : une tentative de traitement esthétique d‘un sujet qui l‘est peu par nature, même si l‘on peut concevoir une forme d’attraction visuelle pour ces enchevêtrements de lignes.
Un effacement progressif, une dilution des repères visuels qui amènent peu à peu la série vers une forme d‘abstraction, abstraction démentie par la permanence de quelques formes, quelques lignes qui permettent à chacun de reconstruire une image de ces lieux toujours identifiables.
Bernard Monhonvalle : Rain Inside
Univers paradoxal d’un refuge à l’intérieur duquel il pleut à verse tandis que nous, à l’extérieur de cette cabane, sommes totalement au sec.
Dans ces photos, j’ai souhaité avoir un rendu très pictural pour traduire l’atmosphère étrange, irréelle de ces bois, de ces livres gorgés d’eau, des gouttes de pluie frappant le sol.
Série inspirée par l’installation de l’artiste contemporain Stéphane Thidet baptisée « Refuge » au Palais de Tokyo à Paris.
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Paul Emile Objar : El Oxido Tiempo
Une série intimiste, faite de mon histoire familiale, pour dire le refus de l‘oubli, pour transformer la douleur en souvenirs, pour inviter les regardeurs à rentrer dans cette mémoire individuelle et collective.
David Darle, Charles Pietri, Virgil Roger : PUSH 36
Le collectif Push a pour ambition de pousser le film photographique dans ses derniers retranchements. Avec l’exposition « Push 36 », les 3 photographes mettent en scène 3 histoires qui se répondent, s’entremêlent sous le regard du spectateur.
Une série d’images au contact de l’essence de chaque photographe : des sujets qui n’en sont pas pour Virgil Roger, des gens qui se donnent en spectacle pour Charles Pietri et des portraits de mouvements pour David Darle. Si les points de vue diffèrent, il reste un point commun : la façon de faire. Fuir l’évidence, faire un pas de côté et observer.
Sans point d’entrée, ni sortie, ce jeu de piste permet au spectateur de tisser sa propre narration en choisissant lui-même les directions à prendre dans ce carré d’images.
Sébastien Sauvignet : Paysages des îles Lofoten, Norvège
Les pays nordiques m’attirent depuis toujours : les grands espaces, les villages de pêcheurs aux maisons colorées, les fjords encaissés, les étendues recouvertes de neige, le spectacle fabuleux des aurores boréales…
Les îles Lofoten sont situées sur la côte Ouest de la Norvège, au-delà du cercle polaire, soit à plus de 67° de latitude Nord. Chapelet de terres battues par le vent et la pluie, c’est l’un des plus beaux endroits de ce pays.
Je souhaitais explorer ces lieux à la fin de l’hiver, à la fois pour bénéficier des premières heures de lumière après la nuit polaire totale, profiter encore des paysages enneigés et de la lumière si particulière de cette saison. Le ciel se confond alors avec l’océan, l’aurore enflamme les montagnes, les aurores colorent la nuit…
Johanna Simon Deblon : Split
Image de la femme, et transition de l’adolescence vers l’âge adulte, Johanna Simon-Deblon remet à jour la vision de la féminité. Elle crée une ambiguïté, une incertitude par révision des poncifs en ce qui tient d’un conte. Néanmoins celui-ci renvoie au réel de manière radicale et ironique. Sous forme d’autofiction, la photographe reprend l’idée du dédoublement de sa propre image afin de montrer que « je » peut-être aussi un autre…
Il y a dans cette série une ambiguïté entre la fiction et le réel, ambiguïté entre l’être et le paraître.
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